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 Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]

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Saisons de Perséphone

Saisons de Perséphone

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MessageSujet: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty16/6/2013, 11:50


Que c'est comme un Sortilège...
Saisons de Perséphone ~ Altaïr




Le jour se levait peu à peu. Dois-je vous donner plus d'informations que cela ? Le jour se levait. Le soleil rattrapait petit à petit son amante nocturne. Bientôt, elle aurait totalement disparu; bientôt, il reprendrait ses droits diurnes. Un immuable menuet se jouait là. Les lois de Dame Nature ne pouvaient être contournées. Chaque matin, le même disque tournait en boucle. Jamais une rayure, jamais une rature, jamais une bavure. Tout juste si en certaines saisons Monsieur Soleil avait plus de mal à se réveiller et à laisser éclater sa douce chaleur sur le monde. Tout juste si Madame Lune était coquette et changeait d'apparence chaque soir. Tout juste si Saisons manquait ce spectacle...

Mais, ce matin-là, pas de tout juste. Elle était bien là, couchée au sol, regardant la course des deux amants, course qu'elle savait sans fin. Son corps massif reposait, acceptait la douce tiédeur de la terre. Pour regarder, elle n'avait même pas pris la peine de relever la tête; alors elle la tenait posée sur ses antérieurs, semblant dormir, mais les yeux pourtant bien ouverts. Elle soufflait à intervalles réguliers, sa lourde crinière suivant ce rythme. Elle était calme, comme toujours. Alors que d'autres se seraient levés, seraient sortis du couvert des arbres pour mieux admirer le ciel orangé, elle restait là, tranquille, sereine. Elle savait qu'à part la couleur, rien ne changerait demain. Ni après-demain. Ni encore après... Alors, même si les arbres lui obstruaient la vue, elle n'y prenait garde. Elle admirait, tout simplement. Elle laissait ce supérieur aux Dieux baigner sa robe claire par endroits d'orange, de jaune, de rose et de rouge. Ou de vert, le lourd feuillage de fin de printemps agissant comme un filtre lumineux.


Un pas craqua. Un pas résonna. Un pas vint troubler le calme de la clairière. Perséphone redressa la tête, fit un bref mouvement pour éloigner ses crins, qui la gênaient. Tranquillement, nullement effrayée par ce qui pouvait être aussi bien un souffle de vie qu'un souffle de mort, elle tourna la tête pour voir ce qui venait s’immiscer entre le soleil et elle ce matin-là. En reconnaissant une silhouette équine, elle prit tout de même la peine de se lever, s'ébrouer, et de se retourner vers le nouvel arrivant. Elle sentait d'ici son orgueil de mâle. Son odeur qu'elle détestait, juste parce qu'elle était semblable en quelques points à celle de son oncle. Un mâle. Le mal sous toutes ses formes.

D'être seule à présent...
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Altaïr
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Altaïr

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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty16/6/2013, 17:12

S'il revenait ici, c'était pour se rappeler un certain souvenir. Une rencontre, et rien d'autre. Banal à première vue, quoi de plus normal. Mais tellement spécial, pour lui, comme pour elle. Elle, celle qui l'avait marqué. Celle avec qui il aurait aimé vivre une de ces amourettes, celles que l'on oublie jamais. Celles qui se vivent dans les bois, un soir où la lune veille. Celles qui se vivent en secret, en cachette. Celles qui excitent et qui exaltent. Elle était si belle, si secrète, si discrète.

Dans sa robe d'argent, sa chevelure de cendres encadrant son visage, et ses yeux posés dans les siens, alors qu'ils discutaient. Elle désirait le rejoindre, et lui ne désirait qu'elle. Elle désirait devenir une exilée, à ses côtés, et lui ne voulait que l'aimer. Elle l'avait marqué, plus qu'il ne l'aurait désiré. Mais c'était cela aussi, conquérir. Oublier les instants de ce genre, les ranger dans un coin et en faire une force. La conquête, ça ne se jouait que sur un fil. Un faux pas et tout s'écroulait. Altaïr avait tout à conquérir ici, tout à gagner, à plier. Mais seul, il était impuissant. Seul face à lui-même, face à sa faiblesse. Seul, mais pas des moins fiers. On pourrait dire qu'il n'avait plus rien, mais c'était faux. Altaïr se suffisait à lui-même.

Et alors qu'il marchait pour rejoindre la petite clairière où il avait rencontré la douce Second Serenade, l'étalon bai se rappelait tous ceux qui avaient cru pouvoir s'opposer à lui, avant qu'il ne pose le sabots que les terres d'Eldrethis Wrathful. Tant de sang gâché sur le sable, sur la neige, sur la terre. Tant de vies à rattraper, tant de dettes. Il avait cessé de les compter. Tout ce qu'il comptait à présent, c'était le nombre de jours à attendre pour ci, ou pour cela. Des chiffres de tacticiens, des plans de stratèges, pour le pouvoir. Il était né pour régner, il le savait, il le sentait. Ça coulait dans ses veines, ça faisait palpiter son cœur, contre son poitrail puissant, c'était cela et rien d'autre, ça, et pas autre chose. Altaïr le Grand. A jamais. Jusqu'à la fin de ses jours.

Loin de lui l'idée d'abandonner un jour, une nuit. Même seul, il continuerait. D'autres le rallieront, encore, et encore, et encore. Et même s'il tombait et retombait, encore, et encore, et encore, même seul, il continuerait. Car tel était son destin. Même les dieux ne pourraient l'arrêter.

- Bonjour, jeune demoiselle.

Elle avait su qu'il approchait, elle s'y était attendu, et il n'avait de toute manière rien fait pour cacher sa présence. Ce craquement de brindilles, il l'avait désiré. Qu'elle le remarque oui, car elle le suivrait après leur rencontre. C'était ainsi qu'il le voulait, et c'était ainsi que cela se passerait.
Il sourit, donc, calme, fier certes, mais aussi posé et chaleureux. La force tranquille, comme on dit. Il la détailla un instant, cette inconnue. A son odeur, il devina très vite qu'elle était étrangère à ces terres. Pas d'effluves d'autres troupeaux, Sarraia ou même Garrano. Mais surement bientôt celle de l'Exil, c'est à dire le parfum d'Altaïr.

- Je ne désirais pas vous déranger.

Menteur, il ne s'en cachait pas. Il lui montrait même, qu'il avait provoqué ce petit bruit qui avait tout changé dans l'attitude de la demoiselle pie. Ce petit craquement, comme des os brisés. Que de pensées malsaines, n'est-ce pas ? Altaïr le sanguinaire, le tyran, le salaud. Altaïr le méchant de l'histoire. Mais peu le connaissait vraiment, pour ce qu'il était vraiment. Un juste, un brave. Un noble. Certes conquérant et avide de pouvoir, mais pas fourbe ni cruel. Ou peut être seulement avec ses ennemis, c'est à dire tous ceux qui s'opposaient à lui, ou tous ceux qui osaient prétendre être meilleur que lui. Car oui, pour conquérir, il fallait se croire plus fort que tout. Si l'on pensait que quelqu'un pouvait nous surpasser, tout était fini, parce que cela arriverait un jour. Mais on ne dépasse pas le maître du monde. Il n'y a rien au dessus de lui, mis à part les dieux. Et donc, en conclusion, Altaïr se pensait supérieur aux dieux. Pour réussir il n'y avait que ça. Et pourtant, pas de superflu chez lui, pas de superficialité. Il restait humble, modeste, modéré son orgueil. Il le gardait pour lui. Il le gardait tout contre lui, et cela, pour se rendre plus fort. Comment désirer conquérir un territoire, si confiance en soi, on n'a pas ? Tout commençait pas cela. Sans ça, il n'y avait rien, car il n'y avait pas de place pour le doute. Et si le doute venait à s'immiscer, par un quelconque moyen, traîtrise, fourberie... Il fallait l'évacuer au plus vite, avant qu'il ne s'installe et pompe la confiance, comme un parasite.

- Laissez-moi me présenter à vous.

Sans superflu, modeste, modéré son orgueil. Comme toujours. Être bon devant les autres, c'était de la que naissait leur confiance. La première impression, toujours la plus importante. Tout se jouait maintenant.

- Je me nomme Altaïr, pour vous servir.

Sa vie contre la tienne, n'oublies pas.
Sa vie contre la tienne, et tout ira pour le mieux, pour tout le monde, partout où tu te rendras, partout où il ira. Sa vie contre la tienne, et chacun survivra.
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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty16/6/2013, 18:04

( OMG Altaïr :13:)
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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty16/6/2013, 20:49

(T'as vu ça Asi' ? Maintenant, faut que je fasse au moins pareil... xD)



L'étalon se présenta à elle, calmement, à mots choisis. Devant tant de paroles pour livrer les 6 petites lettres d'un nom, Perséphone ne put retenir un sourire. Il avait du recevoir la même éducation qu'elle sur ce point. Ou alors beaucoup écouter, beaucoup s’entraîner. Elle n'arrivait cependant pas à s'imaginer le fier bai qui se campait devant elle parler seul pour parfaire son langage. Non, il devait simplement avoir vécu comme ça. Comme elle. Son sourire s'agrandit, s'adressa clairement à celui qui n'était plus vraiment un inconnu.
Elle le connaissait, au moins de par son rang. Sa quête de troupeau l'avait souvent amenée à rencontrer des membres de l'Exil. Elle savait que le mâle devant elle n'était autre que le dominant de ce peuple de chevaux. Jamais encore elle n'avait reçu de description détaillée le concernant. Mais il faisait bien office de dominant dans son esprit.

Dans son esprit ? Elle-même s'étonna un instant de cette remarque. Qu'est-ce qu'était un dominant, pour elle ? Elle ne le savait guère, tout compte fait. Elle savait surtout ce que n'était pas un dominant. Ce n'était pas un vieil étalon fatigué, comme son grand-père. Ni un père délaissant sa fille, comme le faisait le sien. Et encore moins un oncle tyrannique et amoureux d'une robe tachetée. Altaïr n'était pas de ceux-là. Il était donc un dominant, pour l'imaginaire de la jeune femelle. Elle se contentait de peu. Mais ne savait plus à quoi ou à qui le comparer. Elle tournait en rond dans ses propres pensées, se perdait dans les dédales de réflexions sans queue ni tête avec lesquelles elle vivait. Son cerveau tournait à vide depuis 3 ans qu'elle vivait sur terre. Elle ne parlait guère, écoutait souvent, subissait beaucoup. Cela était-il sur le point de changer ? Malgré l'avenant étalon qui la jaugeait, elle en doutait fortement.

Tous les efforts du monde ne suffiraient à la changer, à l'éloigner de son passé. Avec Altaïr, allait-elle se sentir en sécurité ? Elle l'espérait. Même, plus que cela, elle l'attendait. Elle ne rejoignait pas un troupeau pour craindre encore plus ce qui l'entourait. Non. Elle attendait du mâle bai qu'il la protège. Qu'il la soutienne, qu'il la tire du gouffre sans fond où elle avait commencé sa chute. Qu'il l'éloigne de sa mère, de son oncle, de ses Dieux. Elle préférait encore garder l'image d'un mâle bai à l'esprit, plutôt que celle de chevaux lourds ou pie. Jamais plus elle ne voulait compter sur l'un d'eux. Jamais plus elle ne voulait se sentir seule, abandonnée, subissant. Quitte à rester avec ce mâle qui ne la considérerait sûrement que comme une jument de harem. Tout pour oublier. Se perdre dans le renouveau. Ou peut-être simplement le nouveau. Oui, c'était ça. Se perdre dans le nouveau. Oublier le passé, le futur, le vieux, l'ancien, le jeune. Juste le nouveau.

Mais quel nouveau ? Altaïr était-il ce nouveau ? Cette promesse, que le soleil lui avait soufflé ce matin, au moment même où la brindille venait bouleverser sa vie ? Ce soleil, toujours ce soleil. Il nimbait désormais la clairière d'une douce lumière verte, qui venait jouer avec les reflets rougeoyants du bai du dominant. Pour un peu, elle se serait approchée, pour étaler les couleurs. Mais non. Elle ne pouvait décemment pas le faire. Son inconscient le lui interdisait formellement. Et, malgré le nouveau qui allait arriver, son inconscient resterait. Elle en était certaine, ça elle ne le lâcherait pas. Et même le puissant mâle devrait s'y accoutumer. Elle saurait être fidèle. Du moment que l'on respectait son être entier, elle se plierait à la volonté de tous. De tous ceux qui lui apporteraient la compensation sécuritaire qu'elle demandait.


Elle revint à la réalité à l'aide du soleil. Toujours lui. Un rayon plus puissant que les autres parvint enfin à traverser la barrière de feuillage, et vint se poser sur elle. Elle sentit la tendre chaleur se répandre sur son dos et, quitte à paraître impolie, elle tourna la tête pour voir la lueur jouer sur son dos. En revenant droite, elle vit le mâle, toujours là, attendant. Attendant quoi ? une réponse, pour sûr. Oui, c'était ça, il attendait une réponse. Depuis... Depuis combien de temps ? Elle ne le savait pas. Elle pensait trop, encore et toujours. Aussi, elle le regarda, et se décida enfin à couvrir la clairière de sa voix. Pas très forte, pas très puissante. Timide, comme à son habitude. Au moment de parler, la jument baissa légèrement la tête, ses longs crins venant la camoufler entièrement.

- Bonjour, noble Altaïr...

Que pouvait-elle dire de plus ? On lui avait toujours appris à s'incliner devant les mâles. Devant tout le monde, en fait. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle était la jeune écervelée. La jolie jument, qui n'était finalement que d’apparat. Uniquement là pour faire joli, pour vanter les mérites du mélange des deux familles. Alors elle se tut. Elle devait rester là, comme avant. Faire joli, tache claire et sombre au milieu des arbres verts. Illuminée par le soleil qui la titillait. Elle allait finir par se prendre les rayons dans les yeux. Elle avança, devançant l'astre doré. Elle se rapprocha uniquement de quelques pas, et pourtant elle était essoufflée. Parcourir au galop tous les territoires de l'Est l'aurait moins épuisée, elle en était sûre. Elle avait peur, tout compte fait. Elle craignait trop le monde pour à nouveau faire confiance à un mâle, aussi bai et léger soit-il.

- On a quant à moi choisi de me nommer... Saisons de Perséphone

"Tout ira pour le mieux, pour tout le monde, partout où tu te rendras, partout où il ira"
Elle l'entendait, ce soleil, lui souffler d'indécises paroles. Elle l'entendait. Mais n'était-ce pas, une fois de plus, son inconscient ? Elle ne savait plus. Avec la brindille au soleil, Altaïr au soleil, le dominant du soleil... Elle s'était perdue. On l'avait perdue. Qui ça ? Le soleil ? La brindille ? Le mâle bai ? On. C'était tout. Elle sentait qu'On l'avait perdue.
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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty18/6/2013, 12:23

Alors qu'elle semblait perdue, loin dans ses pensées, Altaïr en profitait pour guetter chacun de ses mouvements, le plus infimes qui soient, afin de découvrir qui elle était réellement et percer les mystères de son être. Il l'observait, et notait chaque faits et gestes qu'il remarquait. Elle semblait absente, au loin, dans un monde que seule elle pouvait atteindre. Il patientait, attendant qu'elle revienne à elle. A lui.

Alors, il se demanda ce à quoi elle pouvait bien penser. Peut être faisait-elle la même chose que lui, et dans ce cas, ce serait un jeu bien dangereux auquel ils s'amuseront. Ce serait un moyen pour lui d'imposer sa domination, s'il gagnait, ou d'essuyer une cuisante défaite en lui livrant des informations qui pourrait lui nuire. Ce serait un moyen de se remettre à niveau, après ce long moment sans voir personne sur Eldrethis Wrathful. Etait-il toujours aussi fort ? Malgré toute la confiance qu'il aurait dû avoir en lui, pour vaincre et atteindre son but ultime, Altaïr en doutait. Peut être que recommencer de nouveau, seul encore, l'avait affaibli plus qu'il ne le pensait. Ou bien, il se faisait des idées, et à ce moment là, c'était bien plus grave qu'il ne le pensait. A ce moment là, il aurait perdu beaucoup, beaucoup plus que les membres de son troupeau, et il lui faudrait beaucoup, beaucoup d'efforts pour parvenir à rattraper ce qu'il lui manquait.

Il plissa des yeux, légèrement et émis un très faible ronflement, comme un soupire. Las, fatigué.
La pie parla enfin, semblant revenir à elle, après une absence qu'elle n'aurait pas voulu. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'elle était restée immobile, à ne rien faire, juste à penser, à s'égarer surement. Cela faisait déjà plusieurs minutes, qu'elle avait laissé à Altaïr pour méditer, la détailler et la juger. Elle se rapprochait alors, et il crut lire dans son geste l'indicible envie d'être rattrapé. L'envie d'être soutenu. Le moyen de briser la coquille du mâle, comme si cela suffisait à lui donner confiance. Mais Altaïr ne se laissait pas berner par ce genre d'attitude. Il gardait son sang-froid, et son esprit tournait à mille à l'heure, toujours à chercher, juger, fouiller. Chaque recoin de l'être qu'il avait en face de lui, chaque geste qui pouvait trahir sa personnalité, chaque parole qui pouvait lui apprendre quelque chose. Tout était important. Absolument tout.

Fatiguée. Voilà ce qu'elle était. Devant lui, rien de plus que fatiguée. Épuisée, même. Il sentait bien que les muscles de la jument ne supportaient plus de soutenir le poids de son corps. Toutes ses fibres criaient au repos. Fatiguée de tant d'efforts, pour venir à lui.
Fatiguée de tant d'efforts, pour paraître forte.

Saisons de Perséphone, puisqu'elle se nommait ainsi. Elle se livrait à lui sans le savoir surement, doucement. Par petits morceaux, il l'apprenait. Et il la prenait, comme elle était. C'était cela qu'il voulait. Savoir qui elle était. Pour savoir à qui il avait à faire. Si elle était fourbe, il s'en rendrait compte, un jour ou l'autre, pourvu que ce ne soit pas trop tard. Pourvu que ce ne soit pas trop loin. Altaïr releva quelque peu la tête, suite aux trois petits pas effectués par la jument pie noire. Si elle était ainsi, devant lui, elle n'avait surement pas confiance en elle. Et lui, avait-il encore confiance en lui ?

Il fallait la mettre à l'aise, sinon, elle ne se livrerait pas, et pourrait même tenter de le tromper. Et s'en serait fini d'elle, car Altaïr ne pardonne pas.
Pardonner, c'est être trop bon. Accepter la faute une fois, c'est accepter que d'autres la commettent par la suite.

- Pourquoi êtes-vous triste, demoiselle ?

Oui c'était cela. Elle avait l'air triste, éteinte. Elle avait l'air d'avoir souffert, toute sa vie, de porter le monde sur ses épaules, de soutenir un poids qu'elle ne pouvait plus soutenir. Ce qu'il fallait, c'était l'aider. Mais l'aider, c'était accepter de lui faire croire qu'il lui donnait sa confiance, alors qu'il ne la lui donnerait qu'après qu'elle lui fasse confiance. Mais pourquoi tant de stratégie, et de réflexions, me direz-vous ? Pourquoi ne se laissait-il pas guider par son cœur, comme un bon dominant le ferait ? Parce que ce sont toujours les bons qui partent les premiers, toujours les bons, qui se font couper la tête en premier. Altaïr n'était pas méchant, loin de là. Mais il se protégeait, avec habileté espérait-il.
L'étalon bai baissa quelque peu sa tête, et détendit ses muscles. Sa voix s'était faite douce, avenante, et son regard encore plus, brillant. C'était sa main qu'il lui tendait, c'était peut être un piège pour elle, penserait-elle, que c'était trop tôt pour elle, mais c'était sa décision. Et maintenant, la balle était dans son camp. A elle.
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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty18/6/2013, 18:07



Il la jaugeait. Elle le sentait, ce regard, passer dans toutes les fibres de son être. Il s'attardait de partout. Il ne cherchait pas sa beauté, comme tant d'autres. Non, il cherchait... elle. Oui, il la cherchait. Il cherchait la petite Pensée au fond du corps de Perséphone. Oh, il ne risquait pas de la trouver ! Elle était enfouie trop profondément, bien cachée, bien attachée, bien muselée. Mais il l'avait vue. Il l'avait découverte. Elle la sentait remuer, l'ancienne au fond d'elle. Elle la sentait se réveiller d'un long sommeil, juste avec le regard de l'étalon. Ce regard... Il n'était pas pervers, non, pas à ce point. Il était juste... Cruel. Traître. Révélateur. Vrai, surtout. Enfin, il cherchait le vrai. Comme un radar, un sonar, un cri de reconnaissance. C'était.... gênant, c'être mise à nu de la sorte. Il s'attardait sur des détails qu'elle-même ne voyait pas. Sa lenteur pour daigner se rapprocher de lui. Les frémissements entiers de son corps rien qu'à le regarder. Elle osa cependant. Elle osa rester face à lui, elle osa replacer son toupet, elle osa le regarder en face sans cette barrière de crins qui se révélait bien souvent une prison volatile. Elle osa.


Elle déchanta bien vite. Elle l'écouta, et tout son corps fut pris d'un violent tremblement. Elle ne put s'en empêcher, elle ne put rien faire. Elle tremblait, tout simplement. Les légers spasmes qui agitaient son corps auparavant relativement serein se sortaient eux aussi de leurs chaines. Ils se vengeaient d'avoir été contenus face à l'étalon bai. Afin de les arrêter, ou au moins les diminuer, elle s'ébroua. D'abord vivement, puis elle ralentit : ses crins volaient autour d'elle, elle pouvait les entendre battre l'air. Elle s'arrêta; elle n'était pas beaucoup plus calme. Elle tremblait toujours. Elle était toujours aussi terrorisée. Toujours aussi peureuse, aussi couarde. Toujours aussi incapable d'assumer ses sentiments, de remuer son passé. Toujours aussi fragile. Non. Plus que ça, même. Toujours aussi faible. Faible, oui, c'était le mot. Faible, faiblesse, oh, qu'elle les connaissait bien, ces deux mots ! Ses deux amis, même, à présent.
Deux amis encombrants. Deux amis mesquins, qui prenaient plaisir à la torturer, à l'humilier, à la mettre de nouveau à genoux devant un étalon. Non pas qu'elle-même soit déjà à genoux. Mais elle sentait petit à petit son âme s'incliner devant la supériorité du mâle. Qu'il soit Altaïr ou pas, d'ailleurs. Son âme avait retenu cette leçon, tirée de ses plus mauvais souvenirs : toujours vénérer le mâle, toujours le servir et lui obéir sans discuter. Toujours être faible. Toujours ce refrain, ces amis.


Toujours tremblante, elle baissa la tête. Elle n'osait plus. Elle n'oserait plus jamais. Elle avait essayé, elle s'était encore trompée. Elle s'était encore fait mal à l'arrivée. Elle ne voulait plus. Elle baissa la tête, encore, jusqu'à effleurer le sol de ses naseaux. Ce sol qui était si calme, si tranquille. Si obéissant, si servile aussi. Il était comme elle, elle le sentait. Continuellement piétiné par des sabots. Elle, elle était continuellement piétinée par des mots, des images, des souvenirs. Elle devait souffrir encore plus que cette parcelle de Terre. Elle souffrait jour après jour, heure après heure, minute après minute. Une douleur sourde, avec laquelle elle avait appris à vivre. Mais une douleur quand même. Qui fonctionnait comme un brasier de sous-bois : il attendait, tapi sur le sol, qu'un coup de vent vienne l'aider à se rallumer. Sa douleur, elle, tapie au fond de Pensée, attendait un mot, une question pour se rallumer, et brûler. Brûler fort, brûler vite, brûler bien. Faire une plaie, toujours plus béante au fur et à mesure des rencontres et des questions posées à la lourde jument pie.

La tête basse, elle osa remonter ses yeux, regarder encore Altaïr. Il n'était pas méchant. Pas mesquin. Non. Il était... justicier. Oui, ça devait être ça. Il avait décelé sa faiblesse, sa tristesse, sa douleur. Il voulait qu'elle lui en parle, qu'elle se libère de ce poids. Mais non. Elle ne le ferait pas. Sa conscience, son éducation, même la petite Pensée essoufflée au fond d'elle ne voulait pas, ne pouvait pas le faire. Si Altaïr ne demandait que ça, il ne l'aurait pas. Jamais, au grand jamais, il ne l'aurait. Elle ne lui livrerait rien de son passé, de ses pleurs et sa colères entremêlés. Rien du tout. Pas une miette. Il avait son prénom. Il pouvait avoir sa famille, son âge, son corps. Mais il n'aurait pas son passé. Tout, mais pas ça.


Elle regarda de nouveau le sol. Elle baissa les antérieurs, elle s'allongea. La terre déjà chauffée par le soleil réchauffa son corps devenu glacial. Elle brûlait d'un feu intense, mais consumait la chaleur dans toute sa peine. Piètre paradoxe, comme tout ce que forme l'être même de Saisons de Perséphone. Elle posa sa tête sur ses antérieurs, regarda encore et toujours le bai prostré devant elle. Au-dessus d'elle, désormais. Mais elle n'avait plus peur de le regarder, elle sentait sa tête soutenue par le sol. Ce même sol qui résistait depuis vraisemblablement des millénaires aux pas lourds et légers des êtres vivants. Ce sol sans failles, sans défauts. Si fort et si puissant; plus encore qu'Altaïr. Soutenue par le sol, elle ne risquait rien. Personne ne pouvait rien lui faire. Aussi, elle eut même l'audace de répondre, d'une voix cependant faible et absente.


- Pour rester en accord avec moi-même, monsieur. Et cet accord fait que je n'en révèle jamais la raison.


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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty25/6/2013, 12:52

Et il la laissait faire, il la laissait s'exprimer à travers ses gestes, ses attitudes. Tout ce qu'il voulait, c'était qu'elle se livre à lui, qu'elle s'ouvre. Et c'est ce qu'elle était en train de faire, juste devant ses yeux, toute tremblante. Et même si elle ne le voulait pas, même si elle le refusait, en réagissant de la sorte, c'était ce qu'elle était en train de faire. Il la fixait, la jugeait, l'analysait dans les moindres détails, rien ne lui échappait. Elle ne disait rien et restait à le fixer aussi, tétanisée, son corps supportant mal les tremblements. Peur ? Déception ? Dégoût ? Il cherchait à comprendre, à la comprendre. Il prenait ce qu'elle lui donnait, il lui volait ce qu'elle était. Pour mieux la protéger.

Altaïr aimait être proche des membres de son troupeau. Comment pouvait-on avoir confiance en un seul cheval, comment pouvait-on s'en remettre entièrement à lui, s'il n'avait jamais pris le temps de s'occuper de vous ? Le bai ne voulait pas être comme tous ces dominants, il voulait être meilleur, plus fort, plus grand, plus juste, pour obtenir le meilleur de ceux qui le suivraient. Il ne voulait pas être de ceux que l'on aperçoit seulement, il voulait être de ceux que l'on oublie jamais, ceux qui reste gravé dans la mémoire du monde jusqu'à la fin des temps, une référence, quelque chose de grand et de génial. Il voulait être de ceux-là, il voulait être le meilleur de ceux-là. Donner le meilleur de lui-même aux autres, pour que tous lui rendent le meilleur d'eux-mêmes. Et même s'il devait passer par des chemins dangereux, et douloureux, il le ferait.

Saisons de Perséphone s'allongea sur le sol. Il la regarda faire un instant, attendant que des mots sortent de sa bouche. La terre semblait lui redonner du courage. Elle se ressaisit et planta même son regard dans celui du puissant ibérique. Il pencha sa tête sur le côté, près à entendre ce qu'elle avait à répondre.

Il en fut surpris. Pas par la puissance des paroles de Perséphone. Plutôt par le ridicule de sa réponse. Il pouffa, se détourna, ne pouvant se retenir de rire.
En accord avec elle-même ? La tristesse, en accord avec elle-même ? Les gens comme elle la faisait bien rire ! Rester en accord avec elle-même, donc rester triste, alors qu'elle arrivait sur une nouvelle terre, pour se faire une nouvelle vie, avec de nouvelles personnes ? La forêt fut empli du rire d'Altaïr, un rire franc. Oui, il riait de bon cœur. Il ne se moquait pas non, enfin... Peut être un peu. Mais il ne le faisait pas exprès. Saisons était si drôle ! Il n'en pouvait plus, la larme à l’œil. Il se retourna vers elle, mais dut faire volte-face de nouveau, pris par un autre fou rire.

Il ne put aligner aucun mot, ce n'était que des syllabes ou des "je", ou des "tu", il en oubliais même la politesse du vouvoiement. Peut être la blesserait-il, peut être qu'elle se vexerait, mais il ne pouvait rien faire à part rire et rire encore. Et à chaque fois qu'il essayait de lui parler, il riait de nouveau.
Cela dura quelques minutes, Altaïr se calma enfin, et soupira.

- Woa, ça faisait longtemps que je n'avais pas autant ri...

Aussi essoufflé que s'il venait de courir un marathon, il se tourna enfin vers elle, souriant.

- Navré, Saisons de Perséphone, mais... Vous êtes vraiment drôle !

Elle ne comprendrait surement pas. Il n'y avait qu'Altaïr pour comprendre cela. Et puis, même si elle lui demandait des explications, et qu'il lui en donnait, elle ne comprendrait pas non plus. Et puis maintenant, elle allait surement partir, fuir, ou se mettre en colère contre lui. Sans le vouloir, pour une fois, il avait tout foutu en l'air. Mais il ne pouvait s'empêcher de sourire devant le ridicule de Saisons.
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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty29/6/2013, 17:10



Et l'étalon riait. Le rire. A quand remontait la dernière fois qu'elle avait entendu ce son ? Ce son de joie, porteur d'espoir. Le rire. Oui, elle aimait entendre Altaïr rire. Pour un peu, elle lui aurait rendu un sourire. Mais c'était pareil. A quand remontait son dernier sourire, son dernier rire ? A au moins une bonne année. Cela faisait trop longtemps pour qu'elle puisse s'en souvenir. Elle ne prenait même plus la peine de compter. Elle pouvait seulement affectionner ce dernier moment. A cet instant, lorsqu'elle était encore heureuse, se doutait-elle que ce serait son dernier rire ? Certainement pas. Sinon elle ne l'aurait pas livré, ce dernier d'une liste trop courte. Elle l'aurait gardé précieusement pour elle, la jument pie. Pour chérir encore et toujours cette preuve de bonheur. Elle aurait joué l'égoïste, si elle avait su.
Mais personne ne savait. Pas même les Dieux. Pas même Altaïr. Non, pas même le dominant d'un troupeau. Personne n'aurait pu savoir. Personne n'aurait pu la prévenir. Et elle avait perdu ce rire, ce sourire. En même temps que s'effaçait leur souvenir. Triste fin pour deux choses, futiles mais pourtant essentielles à une vie heureuse.


L'étalon s'arrêta enfin. Cessa enfin la torture. Non pas que Saisons ne supporte pas qu'il se moque d'elle. Non, pas du tout. Il a raison de se moquer d'elle. Perséphone n'est qu'un tissu de mensonge. Une fausse enveloppe, qui de plus est inutile face au dominant. Oui, il a raison de rire d'elle. De rire, pour faire sortir Pensée du fond. Dommage, malgré tous ses efforts, ça ne fonctionnera pas. Cela servira juste à faire souffrir Perséphone davantage. Elle souffre d'entendre ce rire. Elle souffre d'entendre rire. Tout simplement. Cela fait trop longtemps que plus personne autour d'elle n'a rit. Et c'est le fier mâle bai qui est venu la torturer en le lui rappelant. Cruelle vie. Cruels mâles. Encore une preuve de l'erreur continuelle qu'est la vie de notre triste amie. Que fait-elle encore sur Terre, au final ? Elle n'est qu'une enveloppe de souffrance, une enveloppe sans fierté et sans orgueil, qui accepte tête baissée que l'on rie d'elle, que l'on rie de sa misérable vie. A quoi bon vivre, dans ces cas-là ?


La pie ne savait quoi répondre. Enfin, si elle savait. Mais elle ne voulait pas blesser le mâle. Ni lui révéler son passé. Elle était bloquée. Face à un mur, uniquement érigé par un rire mal placé. La vie se moquait donc d'elle sans interruption. Jamais elle ne vivrait tranquille, avec sa conscience, son passé, et ce qu'elle était, sans devoir tout raconter pour obtenir l'approbation de quelqu'un. Mais quelle approbation attendait-elle, là ? Certainement pas celle d'Altaïr. Mais il était pourtant le chemin le plus court vers la sécurité et l'intimité d'un troupeau. Mais devait-elle pour autant lui convenir ? Elle ne savait pas. Mais elle se doutait de l'esprit têtu de l'étalon. Il était si différent d'elle ! Un seul mot aurait suffi à la faire livrer son passé. Mais le mâle bai ne l'avait pas dit, ne l'avait pas trouvé. Pour le moment, elle ne pouvait rien dire. Il se doutait, mais il ne savait rien. Elle n'était pas triste, loin de là. Elle était juste elle-même. Mélancolique. Non, sa vie actuelle ne la rendait pas triste ! Mais elle en avait connu une autre, plus heureuse. Et c'était précisément cela qui la rendait triste. Le fait d'avoir connu mieux. Ce n'était qu'un regret de la vie d'avant. Un regret mal placé, puisque rien au monde ne lui rendrait sa liberté et sa joie de vivre. Mais un regret quand même.


Elle n'avait toujours pas quitté le mâle. Elle était restée avec lui, le regardant, le comprenant. Mais elle le comprenait bien moins qu'il ne la comprenait elle. La jument avait l'impression qu'il savait tout. Qu'elle ne pouvait rien lui cacher. Et pourtant, elle était un coffre sans fond à elle toute seule. tant de choses étaient encore enfouies à l'intérieur... même Altaïr et toute la bonne volonté du monde ne pourraient pas déterrer tout. Mais il avait déjà commencé. Sans pour autant s'en rendre compte, il effritait la carapace de Perséphone. Est-ce pour cela qu'elle livra un bout d'elle-même ? Très certainement. Elle ne se rendit même pas compte de la portée de ses paroles. Des paroles empreintes de haine envers son oncle, envers sa mère, et surtout envers la vie. La vie qui continuait à la trahir en lui faisant rencontrer le dominant, en lui faisant rencontrer le seul mâle qui s'intéresse encore à elle et à son passé. Cruelle vie.

- Drôle ? C'est bien la première fois que l'on me qualifie ainsi, Altaïr. Belle, oui. Désirable, encore oui. Soumise, mille fois oui. Mais pas drôle. Non, décidément pas drôle. Au moins notre rencontre m'aura fait prendre conscience de cette facette de ma personnalité.


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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty14/7/2013, 12:44

Et sans le savoir, ou peut être le savait-elle, mais qu'elle le faisait tout de même, elle se livrait à lui encore un peu. Elle lui partageait un autre petit morceau d'elle, et il l'apprenait, sans tarder, sans en perdre une miette. Elle parlait, et il lisait en elle comme dans un livre ouvert, profitant pleinement de ces portes ouvertes, avant qu'elle ne se referme sur elle-même.

Et il entendait clairement la haine et la colère, que ses paroles portaient, au delà de sa bouche. Et il comprenait, un peu. Il apprenait. Il l'apprenait, et la prenait tel quel. Un fin sourire apparut sur ses lèvres, alors qu'elle parlait encore. Il savait exactement ce qu'il allait lui répondre. Ce qu'il allait lui dire. Elle lui échappait encore, mais bientôt il saurait comment s'y prendre. Cela ne saurait tarder. Il la fixait, de ses yeux perçants et intelligents, et l'observait, dans les moindres détails. Il la sondait, ou tout du moins il essayait du mieux qu'il le pouvait, du mieux qu'elle le laissait faire. Car il ne prendrait que ce qu'elle voudrait bien lui donner. Il ne prendrait que ce qu'elle lui donnerait, petit à petit, pas à pas.

Elle avait été surprise de le voir rire. Mais pas gênée. Comme si elle se fichait qu'il se moque d'elle. Comme si elle n'en avait plus rien à faire, à force que l'on se moque d'elle. C'était devenu une habitude. La normalité. Altaïr s'en étonna intérieurement. Comment pouvait-on en arriver là ? N'avait t-elle même plus d'amour propre ? Que s'était-il passé alors, pour qu'elle devienne ainsi ? Quelque chose de grave, qui frappe et qui marque. Quelque chose qui détruit surement. Altaïr émit un ronflement, et perdit quelque peu son sourire. Il n'aimait pas cela. Savoir que l'on avait pu la faire souffrir au point qu'elle en devienne si effacée, il ne pouvait pas le supporter. La torture psychologique était la pire de toutes. En jouer, d'accord, en abuser, il se le refuserait toujours.

Il l'avait vu douter. Se découvrir, ou ne rien dire ? Il doutait lui aussi. Que dire ? Elle était compliquée. Comme un challenge à relever. Serait-il à la hauteur ? Il le pensait. Surement qu'il l'était. Encore fallait-il qu'il garde son calme, son sang-froid et qu'il ne fasse aucun faux pas. Car il savait que Perséphone ne lui en laisserait passer aucun. Alors il creuserait encore, méthodiquement. Jusqu'à l'atteindre.

Dans un sourire, suite aux paroles de la jument, il pencha sa tête sur le côté, et ajouta, les oreilles droites sur le haut de son crâne.

- Peu importe ce que vous êtes, tant que vous ne trichez pas avec vous même.

Il fit volte-face et perdit son regard sur le feuillage des arbres, la queue quelque peu en panache, signe de l'origine de son sang qui coulait dans ses veines, héritage de son géniteur.

- Je commence à vous apprécier.

Peut être pas elle directement, mais le défi qu'elle représentait surement. Altaïr tourna la tête vers la jument pie, et la regarda par dessus son épaule, avant de lui sourire, les yeux pétillants de vie.
Il prit ensuite le trot et s'éloigna. Libre à elle de le suivre ou pas. La balle était dans son camp.
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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty4/9/2013, 09:23



Tout s'était bousculé, tout était allé trop vite. En entendant le bruit sourd des larmes tomber sur le sol, Perséphone sut qu'elle avait perdu. Trop jeune, trop faible. Le mâle, par une seule phrase, venait de réduire à néant tous ses précédents efforts. Tant que vous ne trichez pas avec vous même. En se remémorant cette phrase, les larmes recommencèrent à tomber, à glisser, à couler. Rien ne semblait pouvoir les arrêter, c'en était pitoyable. Les souvenirs affluèrent dans sa tête, si violemment qu'elle sursauta. L'assaut des images l'empêcha presque de discerner les dernières paroles du bai. Mais presque, car elle pu les entendre. Et les comprendre.

En voyant la silhouette sombre du mâle, si éloignée de la sienne mi ombre-mi lumière, la jeune jument su ce qu'elle devait faire. En rencontrant Altaïr, la petite Pensée au fond d'elle s'était éveillée. Et, imperceptiblement, elle avait repris les rênes de l'inconscient de Perséphone. Jusqu'à régner à nouveau. Mais l'inconscient, c'est fort. Surtout dirigée par une âme pleine de bonté et de douceur. Si fort que la Saison de Perséphone mélancolique et maussade ne peut plus rien faire contre. on pense souvent que les qualités sont l'apanage de la faiblesse, lors d'une vie en solitaire. Mais ce sont très certainement ces qualités qui parviendront, un jour, à libérer la bonne jument. Les qualités que lui a inculquées sa mère. Les qualités de compréhension dont a fait preuve le dominant. Autant de bonté et de gentillesse qui ne peuvent laisser Pensée indiférente.

Le bai avait pris le trot et, balayant toutes ses bonnes manières, la lourde jument prit la peine de lui crier un "Attend !", qui résonna sous la voûte de la clairière. Elle espérait simplement qu'il l'écouterait, s'il l'appréciait vraiment, ses dires allaient être mis à l'épreuve.
Elle était pleinement conscience de faire exactement ce que le mâle attendait d'elle. Hautement au courant qu'elle s'apprêtait à faire confiance à un mâle. Encore un autre, qui pouvais briser toujours plus sa vie. Les mâles, qu'elle avait pourtant pris l'habitude de fuir comme la peste.

Mais elle se leva tout de même, s'ébrouant pour faire tomber les brindilles de sa robe. En temps normal, elle aurait pris son temps pour nettoyer longuement sa longue queue et sa crinière ondulée, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, une partie d'elle avait changé. Une partie seulement, mais c'était déjà ça. Aussi, après s'être ébrouée, elle partit au galop rejoindre le mâle. Ses lourds sabots résonnaient avec un goût de mise en garde. Un rythme lent, régulier, comme celui que prenait son cœur quand elle trouvait le temps et le malheur de l'écouter crier. Elle écouta cette mise en garde, consciente que celle-ci reviendrait, mesquine, lorsqu'elle à nouveau blessée et abandonnée. Mais elle ne voulait plus penser au passé, elle voulait l'oublier. Et, pour l'heure, le seul moyen d'y parvenir était de suivre Altaïr.

Parvenue à sa hauteur, la jument s'arrêta. Elle regarda le mâle dans les yeux, sans dire un mot de plus. Son cri résonnait encore. Il avait servi d'explication. Pour l'instant, elle le suivrait, s'il voulait encore d'elle. S'il lui pardonnait ses précédentes larmes, larmes de faiblesse et de frayeur. S'il lui pardonnait de se comporter ainsi dans l'unique but de se préserver du monde extérieur. Et, surtout, s'il lui pardonnait d'avance l'aide qu'il allait devoir lui apporter. Le temps qu'il allait devoir passer avec elle pour qu'elle devienne enfin l'un des siens. Car elle sentait, tout au fond d'elle, qu'elle était devenue comme un défi pour l'étalon. Pour l'heure, elle était incapable de savoir pourquoi, ni en quoi. Mais elle le savait, et souhaitait le suivre quand même.
Des yeux peuvent-ils exprimer tout ceci ?
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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty15/9/2013, 11:19

Touchée.

Altaïr l'entendit crier. Il écouta les échos de ses larmes qui s’écrasaient sur le sol. Elles avaient un goût de liberté. Elles avaient un goût sucré, elles avaient le parfum d'un renouveau. D'une renaissance. Touchée. Touchée, il l'avait touchée. Il le savait. Il en était fier. Quelque part, mais il le gardait pour lui. Parce qu'il était lui aussi touché... D'avoir pu ne serait-ce, que l'aider un peu. Touché dans ses propres valeurs, touché dans son être profond. Finalement, ils n'étaient pas si éloignés l'un de l'autre. Ils s'apprenaient, finalement, plus qu'il ne l'apprenait elle. Ils s'apprenaient à deux, ils s'apprivoisaient, ils se faisaient découvrir des choses qu'ils avaient oublié, tous les deux. Et ça, c'était fort. C'était un privilège qu'elle lui offrait. Celui de se sentir bon, de se sentir bien. Celui de donner, sans demander à recevoir en retour. Le privilège d'être fier de ce que l'on réalise, simplement, sans récompense particulière. Il la sentait revenir à elle, il sentait venir petit à petit, la véritable Perséphone. Celle qu'elle n'aurait jamais du cesser d'être. Et la voir se redécouvrir ainsi, le poussait à creuser encore, à lui tendre une main pour la tirer vers le haut, vers lui, vers le monde. A s'accepter, telle qu'elle était vraiment. Telle qu'elle n'aurait jamais du cesser d'être.

Altaïr ne s'arrêta qu'une fois que la jument parvint à ses côtés. Il pila alors, croisant son regard. Le comprenant. Elle était tellement expressive, tout d'un coup. Alors, il sut qu'il avait gagné ce match. Qu'une part d'elle venait de se libérer, que plus rien ne serait jamais plus pareil pour elle à présent. Alors, il sut, que s'il continuait sur cette voie, il la rendrait heureuse. Elle le suivrait.
Il lui offrit un sourire complice. Un sourire, un de ceux qu'il ne faisait que très rarement, un de ceux, véritables, qui ne trichaient pas. Un grand sourire, juste pour elle. Pour lui montrer que lui aussi, il lui donnait une partie de lui, en échange de ce qu'elle lui offrait. Parce que finalement, il ne pouvait pas que lui demander de donner, sans la récompenser elle aussi. C'était comme la violer, violer son intimité, son âme. Et c'était surement pour camoufler le mal qu'il lui faisait, la douleur qu'il lui faisait endurer, à chercher le plus profond de son être, qu'il se découvrait aussi un peu. Peut être qu'il culpabilisait. Oui, peut être qu'il se sentait coupable. Mais c'était pour son bien, finalement. Et il sut alors, qu'il voulait la rendre heureuse, de ses propres mains. Il voulait la reconstruire, sans l'aide de personne. Il désirait se montrer à la hauteur de ce défi, de cette épreuve, la reconstruire, seul, et à la fin, se sentir fier de lui d'avoir réussi. Se sentir fier d'avoir gagner sa confiance.

Et son sourire devint malicieux, et son regard, plus qu'autre chose, parlait pour lui. C'était un langage silencieux, que Perséphone connaissait bien, surement. Elle le remerciait, et il faisait de même aussi. Et au fond de ses prunelles sombres, une lueur qui pétillait.
Il cabra et partit au galop, balançant son encolure musclée avec énergie, ses sabots martelant le sol humide de feuilles en décomposition. Il s'ébrouait, la queue en panache, le cou bien arrondie, et ronflait. L'invitant au jeu. Et silencieusement, son regard capta celui de Pensée, une nouvelle fois.

Suis-moi, viens. Abandonne toi.

Et Altaïr partit au triple galop dans la forêt de feuillus, faisant la course avec son ombre.
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MessageSujet: Re: Que c'est comme un sortilège... [Altaïr]   Que c'est comme un sortilège...  [Altaïr] Empty15/9/2013, 16:11



Toujours aucun mot. Le cri de Perséphone semblait avoir tout dit. Elle avait écoulé son quota de voix pour aujourd'hui. Et pourtant, elle n'avait plus envie de parler. Cela ne la dérangeait pas, là, de rester dans le silence. Et Altaïr semblait apprécier cet instant tout autant qu'elle. Il la comprenait. Il la comprenait même mieux qu'elle-même ne se comprenait. Il ne connaissait rien de son passé, rien de sa douleur, et pourtant il l'avait détectée. Il l'avait provoquée, pour la blesser toujours plus. Mais il avait immédiatement su qu'il n'y avait que ça à faire : accepter. Oui, c'était ça, cette rencontre se placerait sur cette hospice, l'acceptation. La compréhension, également. une multitude de qualificatifs, et par-dessus tout la reconnaissance.
Car, si la jument pie le suivait, c'était également parce qu'un fort sentiment de reconnaissance l'habitait. Jamais personne ne s'était intéressé à la jeune jument pour autre chose que sa jolie apparence. Jamais quiconque ne s'était enquit des états d'âme ou ton simplement du bien-être de la petite Pensée. Et encore moins de la sombre Perséphone.

Altaïr avait été le premier. Le premier à s'intéresser vraiment à l'être qu'il y avait derrière la robe bicolore. D'ailleurs le premier à avoir remarqué et discerné qu'elle se mentait à elle-même. Même sa propre mère n'avait rien remarqué dans les derniers temps, quand elle vivait encore avec sa fille déchirée. Un total inconnu était venu lui faire la morale, et maintenant elle le suivait. Car elle avait besoin de ses conseils, d'une présence à ses côtés, pour lui dicter sa vie. Juste le temps qu'elle en retrouve une normale. Juste le temps qu'elle retrouve Pensée. Après... Seul l'avenir décidera de la marche à suivre. Ou Altaïr. Car, pour l'instant, le mâle bai était l'avenir.

Il partit au galop, gardant toujours un oeil sur sa compagne de route. Elle l'observa un instant. Une allure de mâle : l'encolure arquée, le dos ramassé, et un galop vif, rapide, sûr de lui et de sa destination. La jument le suivi. Son galop était plus lourd, mais pas moins rapide. Elle se permit de détendre sa tête massive en la jetant de tous les côtés. Elle sentit ses crins claquer sur son chanfrein, mais pour une fois ils ne lui semblèrent plus aussi lourds. Pour une fois, ils ne portaient pas la faute de son exil. Pour une fois, elle pouvait suivre quelqu'un, ne plus de retrouver seule. cela valait bien des crins volages.

Encore une fois, elle le rattrapa. Cette fois-ci, elle se permit de se rapprocher. Presque collée à lui, elle le suivait à-demi. Ses naseaux dilatés ronflaient au rythme de ses foulées. Brisant le silence qu'elle appréciait pourtant quelques minutes plus tôt, elle lui posa une question. Une unique question. Mais qui était tout autant une question qu'une réponse, qu'une remarque, et qu'une affirmation. Si peu de mots pour exprimer toute une pensée, tout un état d'âme, tout un bien-être. Puisque quelqu'un s'en était enfin préoccupé.
- Où ?
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